Comment devenir acheteur de matière textile ?

Quel est votre parcours ? Comment êtes-vous devenue acheteuse chez B. SOLFIN ?

J'ai un parcours atypique, j'ai suivi un Bac Science médico-social et j'ai exercé quelques années dans le secrétariat médical.

Par la suite, je me suis formée pour devenir assistante dentaire, métier que j'ai pratiqué pendant 9 ans.

Puis, j'ai cherché à voir d'autres secteurs d'activité, d'autres métiers... Je suis arrivée chez B. SOLFIN il y a 6 années en intérim au standard téléphonique. Suite à un départ à la retraite, on m'a proposé d'intégrer les achats. J'ai réalisé un contrat de professionnalisation pendant 1 an et initier ma reconversion dans les achats.

Quelles sont les qualités indispensables pour exercer le métier d'acheteur ?

Les qualités sont multiples. Autonomie et organisation et bon sens du relationnel sont nécessaires.

Des qualités qui ont un point commun avec mes précédents métiers. Il faut également avoir le sens de la négociation et de l'anticipation, être à l'affût, notamment suivre le cours de la laine.

Quelles sont vos missions au quotidien ?

Ma mission principale concerne l'achat de matières premières, essentiellement la laine : laine mérinos, laine d'agneaucachemire mais aussi le coton et les fils mélangés. C'est environ 15 à 20 tonnes de fils à l'année, je me charge également de certains achats de produits finis. J'ai un rôle de négociation auprès des fournisseurs sur les volumes, les prix...

Par ailleurs,  je m'occupe de la gestion des litiges par exemple suite à un retard de livraison ou un défaut de matière.

La polyvalence est nécessaire sur ce poste. Une partie de mon travail couvre aussi la mise en place des collections avec notre styliste Chantal et Mélanie, la modéliste/prototypiste. Mon rôle consiste à alerter sur les stocks en matières premières, en fils, en produits finis pour les replacer dans les collections. Autrement dit, ce sont des propositions de surcyclage. Selon la demande de la styliste, je réalise des achats de fils pour faire les premiers essais. La collection se met en place petit à petit, je monte la marquette qui servira à la séance photos. Je me rends également occasionnellement sur les salons professionnels accompagnée de la styliste pour sélectionner les meilleurs fils. Enfin, une de mes dernières missions consiste à élaborer les prix de vente des pulls en laine, gilet et maille en concertation avec la direction générale et la direction Marketing/ Commercial.

Quels sont les critères fixés par l'entreprise B. SOLFIN pour ses achats ?

Comme toute entreprise, le critère d'achats est de trouver la matière au meilleur rapport qualité/prix. Toutefois, chez B. SOLFIN, le critère déterminant c'est la qualité du fil. Notre exigence est d'avoir une laine de très bonne qualité et assez fine pour qu'elle soit douce au porter. Nos clientes aiment les matières naturelles. Nous sélectionnons une laine d'une épaisseur de 19,5 microns environ. C'est l'assurance de fibres de laine fines et douces, loin des 21 microns à partir de laquelle la laine devient piquante pour la peau de l'homme. Nous accordons une attention particulière également à la qualité de la teinture, pour garantir une longévité de la couleur lavage après lavage.

Quels sont vos contraintes en tant qu'acheteuse ? Quels sont les nouveaux défis à relever ?

Dans le contexte actuel, la problématique est les prix qui fluctuent.

Notre défi permanent aux achats est de savoir anticiper.

Avec le contexte actuel, la fluctuation des prix, la flambée des coûts de l'énergie notamment...Il faut vraiment être en alerte. Savoir-faire les bonnes prévisions pour être au plus juste, pour ne pas manquer de matière. En temps normal, on pouvait réaliser des réassorts de fils au cours d'une saison. La difficulté actuelle est que les délais ont doublé, voir triplé, il est donc difficile de faire des achats en cours de saison pour fabriquer du réassort.

On dit souvent qu'on a besoin d'une petite boule de cristal pour prédire les ventes ! Mais là, c'est encore plus compliqué avec le contexte actuel. J'ai un rôle de vigilance sur le stock. Mon objectif : zéro stock dormant d'une saison à l'autre. Je réalise régulièrement des états de stocks afin de les valoriser, ce qui demande d'être force de proposition et un peu créative. Par exemple, je peux suggérer d'utiliser un stock de fil restant pour faire une rayure sur un pull made in France ou proposer d'en faire des accessoires (bonnet chaud, écharpe en laine...). Un fil prévu initialement pour un pull, peut être aussi réutilisé pour des couverture bébé ou accessoires femme et homme.

Intégrez-vous l'éco-responsabilité dans les achats ?

L'éco-responsabilité consiste à intégrer les facteurs environnementaux et sociaux dans notre activité. B. SOLFIN est engagée en matière d'éco-responsabilité et a réalisé un audit RSE et un Bilan Carbone pour se fixer des objectifs de réduction de ses émissions de C02. Aux achats, nous expérimentons avec les ateliers de production la durabilité de nos matières, et en partenariat avec l'ADEME nous travaillons sur l'analyse de cycle de vie des produits. Ce travail permet d'identifier les leviers à actionner pour limiter notre empreinte environnementale.

Nous étudions également l'achat de matière recyclée et plus locales comme la laine recyclée et la laine Made in France.

Nous intégrons nos fournisseurs dans cette démarche. Nous leur avons récemment soumis un questionnaire RSE pour connaître leur maturité en termes de Responsabilité Sociale et Environnemental.

J'ai découvert un métier passionnant, B. SOLFIN me permet d'y ajouter une touche de créativité, ce qui est parfait !