Bonnetière, raccoutreuse : Karine raconte son parcours

Comment es-tu devenue bonnetière et raccoutreuse chez B. SOLFIN ?

J'ai suivi un Bac Sciences médico-social et j'ai démarré ma carrière professionnelle en maison de retraite. Après mon congé parental, j'ai choisi de changer de secteur et de changer de rythme de travail et j'ai repris des missions d'intérim. C'est par le bouche à oreille que je suis arrivée chez Bernard-Solfin en 2008, au siège de La Verrie en Vendée.

J'ai débuté en tant que magasinier. Mon rôle consistait à réceptionner la marchandise et expédier les tissus aux façonniers. D'autre part, j'étais chargé de recharger les métiers à tricoter en laine, c'est ainsi que j'ai fait mes premiers pas dans les ateliers de production.

En 2012, l'entreprise m'a proposé d'être formée sur le métier de bonnetière. C'est ainsi que j'ai commencé l'aventure de bonnetière.

Mon collègue bonnetier riche de 6 années d'expérience m'a formé sur les métiers à tricoter Stoll. En 2014, la société a fait le choix de centraliser ses ateliers de production à Villers-Bocage où se situait son plus grand parc machines. J'ai suivi mon collègue et les métiers à tricoter en Normandie et je m'y suis installée avec ma famille. J'ai dû m'habituer à des températures un peu plus fraîches et à un climat disons un peu plus humide.

Bonneterie, raccoutrage : en quoi consiste ce métier ?

Tout d'abord, mon métier de bonnetierere/raccoutreuse se compose en réalité de 2 métiers.

En tant que bonnetière, je mets le programme en route sur les métiers à tricoter Stoll.

Les métiers à tricoter Stoll sont des machines à tricoter rectilignes. Modernes et performants, ces métiers à tricoter offrent de nombreuses possibilités en termes de programmation de modèles. Nous tricotons essentiellement des mailles côte 1/1, un peu de jersey, des sous-vêtements et des pulls à grosses mailles. Sur ces machines, mes missions principales consistent à régler la machine pour avoir les bonnes dimensions panneau et à contrôler les dimensions panneau. Lorsque le panneau est descendu, j'effectue un premier contrôle qualité (mailles coulées, trous...) A l'aide d'une palette, nous passons sur les panneaux déroulés à plat sur la table lumineuse pour vérifier la présence ou non de défauts de fabrication.

Je suis également chargée de défiler le panneau dont la confection n'a pas besoin : on appelle cela défiler les panneaux. Le défi d'un bonnetier est d'optimiser le temps de tricotage pour éviter toute rupture de production avec une qualité des panneaux tricotés à la sortie du métier.

Mon second métier de raccoutreuse concerne les réparations.

Réparations à effectuer soit sur les panneaux qui sortent directement des machines, soit sur des produits finis. Sur les machines, par exemple cela comprend de remonter les mailles et de les rattacher. Il peut être question d'enlever les fibrines qu'il peut y avoir dans la laine. Les fibrines, ce sont de petits poils de mouton ou chèvre qui sont restés même après le lavage de la laine. Cela forment des petits morceaux de laine qui sont pris dans le panneau. Le résultat n'est pas très esthétique sur un pull en laine puisque cela fait comme des petites taches si on ne les retirer pas. J'effectue les mêmes opérations de raccoutrage sur les produits finis. Par exemple si un produit comporte un défaut lié au remmaillage ou à l'opération cuvette. Puisqu'il y a plusieurs étapes de contrôle sur l'ensemble de la chaîne de production, les produits qui ont un petit défaut me reviennent.

Comment devient-on bonnetière/raccoutreuse ?

Me concernant je suis devenue bonnetière par l'expérience. C'est une opportunité qui s'est présentée à moi et que j'ai su saisir. Il existe aujourd'hui peu de formations sur ces métiers. Ce sont des métiers en voie de disparition.

C'est au fil de l'expérience que l'on apprend le métier.

C'est d'abord grâce à ma formation en interne de 3 mois puis à plusieurs années d'expériences terrain.

Concernant le métier le raccoutrage c'est un métier plus complexe. C'est également par la formation en interne et surtout par l'expérience qu'on acquiert les techniques. J'ai beaucoup appris par l'expérience de collègues et par moi-même. Il m'arrive souvent de détricoter un peu plus la maille pour voir comment est passé le fil et ainsi déterminer le schéma de maille initialement tricoté. Savoir reconnaître le type de maille (maille anglaise, côte, maille jersey...) est la clé pour réussir une réparation. Il faut que la maille soit montée exactement de la même manière. Le but premier du raccoutrage : c'est que le défaut ne se voit plus comme s'il n'y avait rien eu.

Quelles sont les qualités indispensables pour exercer ce métier ?

Avoir une bonne conscience professionnelle. Etre précis, observateur et avoir une bonne condition physique. C'est un métier physique, le bras est en mouvement lorsque l'on tire le fil. On travaille continuellement dans le bruit, on porte des bouchons d'oreille et on piétine énormément. Il peut m'arriver de faire 6 à 7 km par jour. Je couvre les 10 000 pas par jour recommandés par l'OMS pour rester en forme ! Concernant le raccoutrage, cela demande d'être patient, concentré et d'avoir de bons yeux ! 

J'adore la diversité et la polyvalence de ce(s) métiers(s).

C'est un beau métier, la matière change, on est confronté à de nouvelles matières naturelles, de nouveaux mélanges, des modèles différents... Je fais toujours la même chose sans réellement faire la même chose. Il n'y a pas de lassitude au quotidien. Enfin, l'ambiance est bonne. On a une bonne équipe. J'ai quitté une vie que j'aimais beaucoup en Vendée mais j'en ai trouvé une autre tout aussi bien ! Il fait bon vivre en Normandie, je ne regrette pas ma décision.

Qu'est ce qui t'animes dans ton métier ?

Le fait d'être bonnétière permet de savoir comment est tricoter la maille. Et le fait de voir au raccoutrage des problématiques permet d'analyser le défaut et d'interagir sur le métier à tricoter pour éviter de recréer ce défaut-là. Mes deux métiers sont intimement liés et complémentaires !