Comment êtes-vous arrivée chez B. Solfin ?

Acheteuse pour un grand groupe de prêt à porter français durant plusieurs années, j’étais chargé du négoce à l’international. J’y ai vu les travers de la grande consommation où le prix primait sur la qualité. J’ai préféré revenir à une échelle locale et œuvrer pour un fabricant français et de plus, dans ma région !

 

Travailler pour B. Solfin, c’est faire le choix du Made in France mais pas seulement. C’est aussi choisir de travailler avec des matières nobles et précieuses.

Vous parlez de la matière avec tellement d’amour, d’où vient cette passion ?

J’adore découvrir de nouvelles textures, de nouveaux imprimés à chaque saison, toucher de nouvelles qualités …C’est pourquoi, j’ai orienté mes études vers le textile. J’ai débuté par un BTS modélisme dans le Choletais, puis j’ai suivi des études supérieures à Paris spécialisées dans le Textile et l’Habillement.

 

Aujourd’hui cela fait près de 10 ans que je travaille quotidiennement avec la matière et je ne m’en lasse pas !

D’ailleurs cette passion ne m’a jamais vraiment quitté… Dans notre famille, elle se transmet de mère en fille. Ma grand-mère était couturière et ma mère fait de la couture à ses heures perdues et réalise des vêtements pour mes enfants.

 

Et vous, faites-vous de la couture ?

Quand j’ai le temps ! C’est à dire pas souvent…Maman de deux enfants, j’ai un emploi du temps très chargé et malheureusement j’ai peu d’occasions de créer des vêtements pour mes enfants. En revanche je suis très attentive à ce que je leur achète, à la qualité des tissus et des coupes…déformation professionnelle je suppose

Vous êtes responsable de Collection chez B. Solfin, comment se passe la mise en place d’une Collection ?

….Par où commencer ?! La mise en place d’une collection est longue et complexe…

Il faut savoir qu’une collection se prépare au moins 10 mois à l’avance.

Chaque saison débute par des moments d’inspirations pour déterminer les tendances. Cela se traduit par des visites dans les salons de textile & fils et des séances de shopping.

Nous organisons par la suite les réunions de collections avec la styliste. Cette dernière nous présente ses planches stylistiques : elle nous décrit les ambiances, les grandes tendances de la saison. Ensuite nous retenons celles qui sont adaptées à notre clientèle. Nous choisissons les nouveaux coloris de laine qui seront mis au catalogue. Ce choix se fait en fonction des tons repérés sur les salons et selon les stocks de fils de laine restants des années passées.

Après étude des meilleures ventes des saisons passées, on détermine les modèles qui seront reconduits au catalogue. S’en suit la définition du plan de collection, c’est à dire le nombre de pulls et gilets à créer pour le nouveau catalogue et dans quelle qualité de fil. Enfin, je crée la maquette du catalogue chaîne et trame (pantalons, chemises, blouses, vestes) et maille au mètre (tee-shirts).

Comment se fait le choix des matières pour chacun des articles ?

C’est le style final que l’on souhaite donner au produit qui déterminera le support. Pour les tricots, si nous souhaitons donner un look plus fluide, souple, ample nous opterons pour la laine d’été, et la laine cashwool. A l’inverse si l’on souhaite un article avec de la main, de la « tenue », nous opterons pour la laine de tradition mérinos.

Pour les autres articles tee-shirts, chemisiers, pantalons nous travaillons de la même façon, c’est le style final qui déterminera le support, viscose, coton, soie…

En quoi consiste la création de la maquette ?

Une maquette correspond à un catalogue. En hiver, le catalogue est composé de 124 pages, l’été de 68 pages. La création de la maquette consiste à associer les nouvelles créations de tricots et les produits reconduits à mes articles en chaine et trame afin de créer des silhouettes dans lesquelles nos clientes/clients peuvent se projeter.

Il arrive que certains imprimés nécessitent d’être recoloriés dans nos fils de laine afin de raconter une histoire.

Une fois la maquette montée, je fais développer les patronages qui collent à mon idée de départ et je mets au point les prototypes, les têtes de séries jusqu’au produits finis.

Au cours de l’année, je réalise des mini-maquettes. J’imagine de nouveaux produits en fonction des petits catalogues de relances (32 pages, 16 pages, 8 pages…) et je réalise plusieurs versions de maquettes en fonction des clients ciblés.

C’est un travail de longue haleine qui prend plusieurs semaines et qui connaît des rebondissements jusqu’à sa validation car une collection vit !

Combien de temps vous faut-il pour mettre au point un produit ?

Beaucoup de temps !

On commence par réaliser un prototype : un modèle en taille 38. Il faut savoir qu’un prototype ne sort jamais conforme au premier coup, il faut en faire au minimum deux avant qu’il soit impeccable. En effet, la laine une fois tricotée a des comportements différents selon la couleur ou le filateur. Le textile n'est pas une science exacte ! Les prototypes serviront ensuite pour nos mannequins en vue du shooting du catalogue.

Une fois les prototypes validés, on lance les têtes de séries. Chez B. Solfin, la tête de série est un modèle fabriqué en taille 44, c’est la taille la plus vendue de notre catalogue. Il est essentiel d’en fabriquer dans une autre taille pour s’assurer que le résultat attendu est le même que sur le prototype. La tête de série subit elle aussi la même batterie de tests: lavage, repassage, test d’essayage, contrôle des longueurs…Si le produit passe le test, c’est à dire qu’il ne bouge pas, il est ensuite lancé en production.

Si le produit montre une quelconque évolution, on continue le lavage et le repassage jusqu’à ce qu’il se stabilise et on réajuste le patronage. Si cela vient de la matière ou de la programmation du tricotage, on réalise les ajustements nécessaires. Pour cela des tests sont réalisés au préalable avant tout lancement de production car les réactions des matières ne sont pas les mêmes d’une couleur à l’autre.

On a connu par exemple des imprimés qui disparaissaient après lavage… Il a fallu retravailler la fixation de la couleur sur la matière.

Lorsque les échantillons de maille répondent positivement aux tests, nous lançons la production des prototypes. Ces prototypes sont ensuite essayés, testés, affinés avant d’être validés. C’est un travail qui demande d’être extrêmement vigilent et exigeant sur le contrôle qualité car les aléas entre le prototype photo et la production sont monnaie courante dans mon métier !

Enfin, on repasse une nouvelle fois en revue toute la collection, pièce par pièce avant de lancer la production finale.

Votre métier est très polyvalent, quels autres aspects gérez-vous ?

En effet, c’est un métier multi-casquettes…

C’est extrêmement stimulant et enrichissant de travailler dans une petite structure où son travail ne s’arrête pas à une fiche de poste.

Une de mes missions principales consiste à gérer les stocks de matières premières et de produits finis. Chaque saison, j’établis les commandes prévisionnelles pour chaque produit en tenant compte de deux critères fondamentaux : éviter les surstock ou à l’inverse les ruptures.

Toutes les semaines se tient avec l’équipe de production un point sur les ventes pour prévoir les réassorts. Même si nos articles sont tissés, tricotés et teints en France, il faut anticiper les délais de livraisons de matières des semaines voir des mois à l’avance et planifier les nouvelles séries de production. Je suis donc chargée de prévoir les réapprovisionnements de fils et de matières premières ainsi que la production des articles.

Je suis également chargée de négocier les prix de matières et de définir les prix de vente. Cela demande d’être extrêmement pointilleux car il faut étudier tous les coûts de fabrication mais aussi la concurrence afin de se positionner au mieux sur le marché.

Quelles sont les plus grandes difficultés de votre métier ?

Comme vous avez pu le constater, notre plus grande contrainte est le temps…il faut savoir gérer son temps pour que les collections soient prêtes à temps. C’est un métier où il faut être très réactif et en alerte sans cesse.

La gestion des stocks est la partie la plus difficile de mon métier. Il faut anticiper les ruptures de produits pour relancer la production afin de livrer les clients au plus vite. Cela demande de se projeter, de prévoir les ventes des produits auxquels on croît tout en tenant compte des stocks afin que chaque saison les produits se renouvellent.

Enfin, dans mon métier il faut savoir jongler avec plusieurs collections en tête. En ce moment, je prépare la Collection Printemps-Eté 2018, je finalise les mises au point des articles de la prochaine Collection Automne-Hiver 2017/2018 et je gère les réassorts de la Collection en cours Printemps-Eté 2017 !"