B. SOLFIN sur France 3, Reportage Réseau d'Enquête Made in France

Réseau d'Enquête a parcouru la Normandie à la découverte d'entreprises textiles françaises en pleine renaissance ou création pour réaliser ce reportage "Made in France : de la parole aux actes", diffusé le 20 Avril 2022 sur France 3.

Maille Made in France : l'histoire d'un atelier de confection

La pandémie du Covid a propulsé sur le devant de la scène la relocalisation, la réindustrialisation et la souveraineté industrielle. Le Made in France n'a jamais autant été en vogue et le besoin de refonder l'industrie textile sur l'hexagone est criant.

Cependant, il demeure des entreprises textiles françaises pour qui la fabrication en France n'est pas une tendance si nouvelle. C'est le cas des ateliers de B. SOLFIN qui tricotent depuis 1923 des vêtements français. L'atelier est labellisé France Terre Textile depuis 2021.

Direction Villers-Bocage, en Normandie au sein de nos ateliers de tricotage. Spécialiste de la confection en maille tricot depuis près de 100 ans, l'atelier tricote des vêtements et sous-vêtements en matières naturelles : pull en lainegilet mérinos, pull cachemire français, veste en laine, tee-shirt en maille...Les vêtements sont vendus par correspondance : téléphone, courrier, internet et camion. L'atelier a résisté à toutes les crises : liquidation, délocalisation, pandémie... Historiquement les ateliers de tricot PHILIPS comptaient plus de 400 ouvriers et a longtemps été le plus gros employeur du village. Sauvé de la liquidation en 2010 par BERNARD SOLFIN, l'usine compte désormais une quarantaine d'employés.

L'usine a une histoire, une histoire de liens tissés avec des petites mains, des employés passionnés par la maille, les belles matières et le travail bien fait. Les employés sont tous très attachés à la marque, à la fabrication française, au soutien des emplois en France.  Racheté depuis en 2018 par Les Magasins Bleus, l'atelier a sortit la tête de l'eau. Avec l'engouement pour les vêtements fabriqués en France, l'atelier a encore de beaux jours devant lui et cherche à recruter pour augmenter sa productivité.

Documentaire sur la fabrication des pulls français

Le journaliste Charles-Henry Boudet a passé les portes des ateliers de production made in France BS PRODUCTION. Rencontre avec notre Responsable de production et visite des ateliers français.

Qu'est-ce que vous fabriquez précisement ? 

On fabrique des vêtements haut de gamme made in france en fibres naturelles pour une clientèle plutôt rurale. 

" Cela reste très manuel de fabriquer des pulls. Le remmaillage est un de nos savoir-faire textile français que nous perpétuons depuis des générations. Le montage des cols en remmaillage est une opération très délicate qui requiert une dextérité manuelle, un apprentissage technique du geste d'au moins 3 ans. On vient enfiler le col maille à maille sur la remmailleuse. On vient ensuite prendre le pull en sandwich dans le col, on rabat le dessus et on fait la couture... "

Alors qu'il y a dix ans, on parlait relocalisation, aujourd'hui les employés sont fiers de fabriquer localement du made in France. Rencontre avec nos opérateurs de confection.

Qu'est ce qui vous plait ici au quotidien ? 

C'est le fait de participer au montage du produit complet. C'est la fierté de voir le produit fini et de se dire que c'est nous qui l'avons fait. "

Combien il y a t-il d'étapes de fabrication d'un pull ?

" Tout dépend de l'article. Il peut y avoir beaucoup d'étapes sur la fabrication d'un pull. Il y a le rasage, la cuvette, le remmaillage du col, les points d'arrêt, la finition, le visitage, le repassage... Il y a une dizaine d'étapes. Lorsqu'il s'agit d'un gilet, on peut avoir les boutons, le montage de la boutonnière. Sur certains pulls, il y a une finition à la main."

Des ateliers français traditionnels et innovants

En 50 ans, l'usine n'a pas vraiment changée. Le parc machines est composé de métiers à tricoter Bentley Cotton des années 60.

"On a l'impression de faire un bond dans le temps." fait remarquer le journaliste de France 3.

Les métiers BENTLEY COTTON sont des machines avec 16 têtes de tricotage. Elles ont la capacité à tricoter 16 pulls en même temps. 

La vente par correspondance : la force de la marque

La vente par correspondance fait depuis 1974 la force de l'entreprise B. SOLFIN et c'est une démarche assumée par la marque. L'entreprise imprime chaque année 2 catalogues : un catalogue 116 pages l'hiver et un catalogue 88 pages l'été. Entre les saisons, des petits catalogues proposant les nouveautés sont envoyés à ses clients

A l'heure d'internet, où tout est dématerialisé, vous imprimez encore ce catalogue, pourquoi ?

Entretien avec notre Président Directeur Général.

" Pourquoi ? Parceque c'est un souhait de nos clients. Nos clients adorent voir le produit, le toucher...Notre clientèle plutôt senior a un comportement d'achat qui est lié au catalogue. En 2022, note catalogue représente encore 50% de notre chiffre d'affaires. 

Le Made in France plus cher : à quel prix s'habiller français ?

Quel est le prix d'un pull Made in France ?

"Il faut compter environ 115€. L'avantage d'un pull fabriqué en France, c'est que nous le vendons directement à notre consommateur et que nous ne passons pas par des intermédiaires. Il n'y a pas de distributeur, ce qui permet de limiter la marge du distributeur. Si on voulait vendre un produit à 100€ dans notre catalogue et que l'on passait par un distributeur, il serait vendu à 250€ sur le marché. Pour un produit français, on peut dire que l'on est relativement accessible en terme de prix.

Est-ce que c'est plus cher d'acheter français ?

"C'est plus cher d'acheter français, bien évidement. On s'attache à avoir des matières plus chères de bonne qualité et la main d'oeuvre française est plus chère. 

L'entreprise n'a jamais été tentée de délocalisée. Nos clients sont attachés à B. SOLFIN, justement parce qu'elle est fabriquée en France. Si on délocalisait, on perdrait les valeurs et les racines que les clients cherchent dans cette marque. 

L'emploi textile en France : un vrai sujet

Après des années de crise, la filière textile est désormais en plein développement. Dans toutes les entreprises françaises, on manque de personnel qualifié et de nombreux postes sont à pourvoir.

Les ateliers BS PRODUCTION sont confrontés comme ses confrères à cette pénurie de main-d'oeuvre qui freine la croissance des industries en France.

Comment faire face à ce manque de bras ?

Les difficultés à recruter sont telles que B. SOLFIN a mis en ligne un clip vidéo pour recruter.  L'entreprise cherche à toucher un public plus jeune. Avec l'essor des réseaux sociaux, ce clip permet de communiquer auprès de cette cible sur les métiers de styliste/modéliste en maille, programmeur/tricoteur, remmailleuse... Des métiers au savoir-faire traditionnel dont il n'existe plus de formations dans les écoles.

Le problème actuel de recrutement est que l'entreprise ne trouve pas les personnes formées pour travailler sur ces métiers. Il n'existe pas d'école de formation.  L'atelier doit les former un, deux ou trois ans de formation. Si elles ont la dextérité manuelle, on les forme et nos opérateurs apprennent les métiers. Auparavant, c'étaient les doyens de l'entreprise qui formaient les nouveaux arrivants pour les former à ces gestes techniques. Depuis, nous avons mis en place un nouveau système de formation : 2 à 3 semaines en théorique, en dehors de la production. Et ensuite, les nouveaux arrivants sont intégrés dans les groupes de production. La formation continue sur des mois pour les faire monter en compétences au fur et à mesure de leur apprentissage.

Malgré le manque de main d'oeuvre, cela n'empêche pas les opérateurs de confection de travailler dans une ambiance de travail familiale, où tout le monde s'entraide. Chaque opérateur est capable d'intervenir sur une opération et tout le monde tourne sur les postes. La maîtrise de toutes les opérations de confection, la dextérité et la persévérance sont les clés pour réussir dans ces métiers de confection.